lundi 1 octobre 2018

Le Bolero de Ravel



Deux mois après notre mission aux US, on passa un jalon important du projet avec le figeage de l’architecture générale. On était finalement parvenus à un accord avec les collègues américains : ils avaient pris la responsabilité du développement du système de contrôle,  du circuit de refroidissement, et de l’interface client. Nous avions pris la responsabilité du développement de la turbine.

Le projet commençait à prendre forme, et tu faisais maintenant partie de l'équipe. Tu assurais le suivi budgétaire avec des conférences téléphoniques régulières pour regrouper les deux équipes et discuter de l'avancement des investissements et des dépenses de fonctionnement.

Tu étais gaie, légère, je trouvais que tu n'étais pas à ta place sur le poste que tu occupais. On imagine les comptables toujours sérieux posés voire introvertis, et puis par nature j’étais méfiant : je n’aime pas que l’on regarde par dessus mon épaule pour vérifier l'avancement de mon travail.  Ton côté superficiel m'agaçait et une lumière rouge avec le mot PRUDENCE, a commencé à s'allumer dans mon cerveau à chaque fois que l'on devait travailler ensemble,

En même temps ton côté enfant rebelle me fascinait, m'attirait. C'était gris et figé autour de moi. Tu étais le mouvement et la lumière. J'aimais cela et j'en avais besoin.

Les emails se sont enchaînes avec à chaque fois quelques mots un peu moins professionnels et un peu plus personnels. J'ai appris que tu étais expatriée depuis 20 ans aux US que tu avais 1 fils de 16 et une fille de 18 ans, soit un an de plus que mes deux filles.

On a commencé à s'approcher l'un de l'autre, on s'est dévoilés réciproquement. C'était comme le bolero de Ravel : cela commence par la flûte envoûtante d’un charmeur de serpent pour finir avec la sarabande des caissons et cymbales.

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